Comme la plupart d'entre vous, j'adore lire les résumés de courses des sportifs qui gagnent, ou font une super remontée , un top 5, une discipline où ils remontent tout le monde etc... Mais ma toute première expérience du Grand Prix Français de Triathlon D1 ressemble beaucoup plus au tour de France de Ghislain Lambert (film: le vélo de ghislain lambert ) . Je me suis tout simplement démonté pour ne pas finir dernier.
Petit résumé de la « course » :
étant le dernier club promu en D1, on est les derniers à se placer sur le ponton de départ, du coup ( et c'est normal et prévisible) on a le pire box , mal placé par rapport à la bouée et au courant de l'eau.
Le départ est donné et je pars sur une allure de 200m ( sachant que la première bouée est à 220m, je pense que c'est pas mal)... J'ai tendance à respirer à gauche , mais à gauche il n'y a personne à part le caméraman sur son bateau, du coup je fais quelques respi à droite et je vois que j'ai toujours à la même hauteur mes coéquipiers, c'est déjà un bon signe... au bout de 100m environ je relâche un peu pour essayer de prendre des pieds et je vois que les mecs du clubs de vitrolles sont accessibles . Et hophophop je me mets à l'abri dans leurs bulles et je vois du coup que grâce à eux je double quelques bonnets! JE ne suis pas dernier! Et arriva la bouée, j'ai eu pitié pour le Vitrollais qui s'est fait couler à plusieurs reprises juste à ma droite ( je pense que c'est Etienne Diemunsh) et je vois juste devant mon Rochelais Vincent Migné, ça c'est bon signe car le petit jeune de l'équipe a toujours su bien se placer. Après la bagarre ça repart vite mais je suis surpris par la facilité que j'ai pour suivre... et 50m plus tard l'euphorie a laissé place au stress car j'ai d'un coup les épaules chargées et je suis en hypoxie, je n'arrive plus à bien appuyer sur l'eau et les bras ne tournent plus! Je vois Thomas André me doubler ( Vitrolles encore) et sur ma gauche me dépose Thomas Renneteau (LA Rochelle) , le problème c'est que je n'arrive même pas à tenir les pieds! Les 200m qui nous séparent du tunnel me semblent très très longs et lents. Sous le tunnel j'aperçois le coach du club qui m'encourage et me fait signe de recoller le paquet qui est 10m devant moi mais j'essaye depuis 200m et je n'y arrive pas. Dans ma tête c'est un peu panique à bord car je ne veux pas vivre ça, c'est le scénario catastrophe et il n'y a pas de plan A ou de plan B dans ce cas là... Je regarde vite fait derriere et je vois qu'il y a encore un peu de monde, je me laisse volontairement doubler par les deux mecs de Liévin (Valentin Laloi et Kevin Senotier) pour me mettre dans leurs pieds, au moins je ne suis pas seul , ça me rassure. Sortie de l'eau : constat on est les 4 derniers mais Thomas Renneteau n'est sorti que 11'' devant moi donc rien est perdu encore, je cours très vite vers mon vélo. Au moment où j'arrive je vois Thomas R. qui part du parc. Pose la combi , et merde elle accroche sur la puce et je dois y mettre les mains, quelques précieuses secondes de perdu. Je ressors quelques secondes derrière Kevin S. et quelques secondes derrière moi il y a Valentin L. et Thibault trimbour ( de Saint Quentin ).
Je pose le cerveau et tente de revenir sur Kevin S. mais lui a la même idée sur le petit paquet qu'il y a devant qui ont aussi cette idée là pour le pack qui est devant qui eux même ont la même idée etc... En somme je chasse seul pendant 7km mais en vain, je me laisse donc rattraper par Valentin L. et Thibault T. pour essayer à 3, mais Thibault est cuit donc on roule à 2 et ça fonctionne déjà un peu mieux car on reviens sur Kévin vers le 11ieme et à 3,5 ( 0,5 car Thibault à réussi de nous passer 2 relais)
on reviens sur un paquet de 6 jeunes (Thimothée Delacroix de Versailles , Thomas André de Vitrolles, Raphael Pujol-Siwane de St Geneviève , Hugo Darragon de Saint Jean de Mont et Quentin Labdant de Metz). Nous voilà donc 10 pour les 10 dernières places du classement! Comme on croise souvent les autres athlètes on voit qu'une échappée de 10mecs a tenu bon, derrière il y a 2 athlètes puis un peu plus loin un gros paquet... puis il y a nous les 10 de la fin. Le Dernier tour se fera doucement et ce sera surtout Kevin qui roulera devant. On prendra le temps de se parler un peu avec Kévin et Valentin, car à 10'' prêt en natation on loupe le gros paquet ! Les Boules! A l'approche du parc à vélo les jeunes s'affolent et se bousculent un peu pour rentrer premier du pack dans l'aire de transition ( et du coup pas dernier du classement). Pour ma part je fais une bonne transition mais au moment où je commence à courir je me tape des petites crampes aux 2 mollets, la grimace sur le visage et quelques foulées bizarres plus tard c'est passé mais Raphael P. et Hugo D. ont déjà pris plusieurs foulées d'avances.
Je me fait reprendre au bout de 400m par Thomas A. que j'essaye de suivre sur plusieurs centaines de mètres mais je sens que je suis légèrement en sur régime donc au bout d'un petit moment je laisse partir et continue la course seul mais sans trop relâcher. Dans la deuxième boucle je remarque que les écarts se stabilisent et j'essaie de relancer l'allure à 1500m de l'arrivée mais visiblement tout le monde le fait (ou bien je n'avance pas plus vite ?? ) et je reprends Thomas Rebaud (Valence) qui devait être dans le gros paquet en vélo. J'entends les gens encourager Kevin S. qui n'est pas loin derrière moi pour qu'il me double, ça m'a motivé pour tout donner jusqu'à la fin et je fini assez fort pour conserver 5'' sur lui. Je termine au final à la 78ième place ( sur 87 au départ et 4 abondons ). Au final Valentin Rouvier fera 43ieme, Vincent Migné et Thomas Reneteau 60 et 61ieme et Frederic Pierrat 71ième. Au classement par équipe on est dernier. On s'y attendait un peu mais tous on aurait voulu montrer qu'on pouvait faire mieux.
Pour ma part j'étais bien déçu de ma course, et ce dès les 300m de nage. Sur ma course on peu dire que la seule chose positive c'est que je n'ai jamais baissé les bras et je me suis battu jusqu'au dernier mètre. Le soutient moral je l'ai surtout trouvé en discutant avec mon entourage, avec ceux qui se souviennent de leur première course à « haut niveau ». J'ai commencé a faire du tri en 2009 et j'aurai jamais espéré faire de la D1 aussi vite. Je suis passé de ne pas savoir nager le crawl sur 50m à des 400m en 4'40'' et de courir 10km en 45' à 34' en 5 ans. Des crampes en vélo ou des hypos j'en ai bouffé des tonnes et tout ça pour le plaisir de faire du tri alors pouvoir me frotter au gratin international c'est que du bonus, même si c'est pour finir dans les derniers. Un jeune cycliste qui peu prendre le départ du tour de France ne refusera pas non plus. Ça fait des expériences qu'on oublie pas et on progresse à chaque course. J'ai vu un peu ce que je dois travailler à l'entrainement et je suis motivé comme un gamin pour m'entrainer. Je veux montrer sur les autres épreuves de D1 que je peux faire mieux et je le ferais!
PS: merci à Fred Decuyper pour les photos ( Drefpictures)
